Leslie Mauchampa le plaisir de vous inviter à sa soutenance de thèse intitulée, "Biodiversité et gestion des écosystèmes prairiaux en Franche-Comté", qui aura lieu le 23 septembre à 14h, Amphi B (Bâtiment Métrologie), campus de la Bouloie, UFR Sciences et Techniques, Besançon.
Résumé
Les écosystèmes prairiaux sont soumis à une pression anthropique, essentiellement liée à la gestion agricole, qui permet de maintenir ces milieux ouverts. Cependant, une pression trop forte peut conduire à la réduction de la biodiversité de la communauté végétale et de toutes les communautés qui en dépendent, impactant ainsi les fonctions et services écosystémiques attribuables à ces milieux.
En s'intéressant à la diversité végétale des prairies, les facettes taxonomique, phylogénétique et fonctionnelle de la diversité offrent des informations complémentaires sur la réponse des communautés végétales aux facteurs anthropiques. L'échelle spatiale doit par ailleurs être considérée, en comparant les composantes alpha (intra-site) et beta (inter-sites) de la diversité gamma d'une parcelle ou d'une région.
Dans ce projet, une attention particulière a été portée sur la complémentarité de ces approches de la diversité afin de rendre compte de la réponse des communautés végétales du massif jurassien à la gestion agricole de cette région. La production de différentes AOP fromagères, dont le Comté, offre un cadre original puisque l'existence d'une telle production implique que les exploitations sont soumises à des restrictions concernant la conduite agricole des surfaces prairiales. La végétation de 48 parcelles du massif jurassien, réparties selon un gradient altitudinal (Premier plateau, Deuxième plateau, Haute-Chaîne), a étéétudiée grâce à un protocole multi-échelle original, pour des surfaces équivalentes à 0,01, 1, 10 et 1000 m². Sur ces mêmes parcelles, les pratiques agricoles et les conditions édaphiques ont été renseignées.
La mise en relation de ces différents jeux de données révèle qu'en utilisant une dichotomie simple pâturages stricts – prairies de fauche (le plus souvent associée à du pâturage), les facettes taxonomique, phylogénétique et fonctionnelle (évaluées grâce à l'entropie quadratique de Rao) présentent des réponses similaires avec des valeurs plus importantes obtenues dans les pâturages pour la plupart des métriques considérées. En considérant les différentes pratiques agricoles relatives à la fauche, au pâturage et à la fertilisation, et leurs intensités respectives, il s'avère que le nombre de coupes annuelles et les quantités d'azote, notamment issues des engrais de synthèse commerciaux, engendrent les effets les plus marqués sur les communautés végétales.
En comparant la composition floristique de 150 relevés réalisés dans les années 1990 avec de nouvelles prospections réalisées en 2012 sur les mêmes surfaces, des changements importants de la composition floristique sont apparus pour chacune des prairies. La tendance générale qui se dessine suggère que les communautés actuelles sont davantage adaptées aux défoliations fréquentes et/ou intenses. Elles présentent également des préférences écologiques pour une valeur en substances nutritives plus importante et une plus grande valeur pastorale. L'accumulation de phosphore dans les sols prairiaux, associée aux apports croissants d'azote apportés notamment par les engrais minéraux de synthèse, sont parmi les causes potentielles de ces changements. Bien qu'aucune diminution significative de la diversité taxonomique n'ait été enregistrée dans nos travaux, les changements de composition fonctionnelle déjà observés pourraient à l'avenir aboutir à une érosion de la diversité.
L'existence du cahier des charges de l'AOP Comté dans ce secteur offre un cadre réglementaire pour la gestion des surfaces prairiales vouées à la production de ce fromage. Cependant, la définition à l'échelle de l'exploitation entière pour nombre d'entre elles engendrent des variations inter-parcellaires importantes pour une exploitation donnée, ce qui ne permet pas de garantir une utilisation optimale de l'ensemble des surfaces prairiales d'une exploitation vis-à-vis de la biodiversité.